AU COMMENCEMENT ETAIT LE VERBE


Mercredi 7 janvier 2009
Tout a commencé par une première réunion publique
et le speech introductif suivant:
Je m’appelle Thomas Bardinet. Je suis réalisateur et producteur de films. Après avoir vécu 20 ans à Paris, je suis revenu à Bordeaux. L’année dernière, j’ai réalisé avec le plasticien Thierry Lahontâa le petit film pour la candidature de Bordeaux Capitale Européenne de la Culture qui s’appelait « Bordeaux Clic Clac » (voir ci-dessous).





L’échec de cette candidature ne m’a pas plongé, je dois le dire dans une grande tristesse. Pourquoi faut-il attendre d’une lointaine commission Européenne qu’elle nous donne l’autorisation de mettre en place des événements ?

Mais bizarrement, c’est en écoutant nos chers représentants, bons perdants, accepter la « défaite », et dégonfler gentiment le ballon de baudruche qu’ils avaient eux-mêmes gonflé pour le ranger au placard, que j’ai eu envie, peut-être par esprit de contradiction, de dire "non, il faut faire quelque chose".

Attendre que les politiques nous donnent l’autorisation d’imaginer des événements culturels, c’est une drôle de façon de faire.
Cela n’a jamais été la mienne, et sans doute pas la vôtre.
Mais écouter sans broncher ces mêmes politiques dire « on ne fera rien », c’est me semble-t-il, encore pire.


En entendant que Marseille était la ville choisie, je me suis souvenue de cette époque pas si lointaine où les rapports entre notre ville et la cité phocéenne étaient compliquées. Je me souviens du numéro de meilleurs ennemis de Claude Bez et Bernard Tapie qui en lousdé n’hésitaient pas à s’échanger leurs joueurs... tout en jurant qu’ils ne le feraient jamais.

À entendre les chroniqueurs actuels de la vie culturelle de Bordeaux de l’époque, c’était le désert:

- Le Capc de Froment,
- la folie Sygma de Lafosse,
- l’éclosion de la plus grosse concentration de groupes de Rock en France,
- la venue régulière des plus grands jazzmen,
- Roberto Benzi
- le Jean Vigo et tous les cinémas art et essais qui existaient encore à l’époque,
- sans oublier les Girondins de Bordeaux champions de France...

Comme désert, moi j’en reprendrais bien !


"Contre la bonne mère,
déterrons la hache
de bonne guerre"

Je me souviens de cette petite guéguerre entre les deux grandes villes, et je me suis dit que, même pour s’amuser, reprendre ce petit conflit pourrait être un prétexte comme un autre pour faire quelque chose. Comme pour Tapie et Bez, rien ne nous interdirait d’avoir des contacts sous la table avec les organisateurs marseillais pour négocier certains échanges plus ou moins secrets…

On peut aussi se dire, pourquoi absolument un événement, vous êtes sans doute tous très actifs, respectivement dans vos spécialités. Mais si vous êtes artistes, ou si vous en faites travailler, vous savez sans doute qu’il n’y a rien de plus stimulant pour nous que de se mettre la pression, notamment en s’imposant, en nous imposant des échéances.

Pour le cinéma, par exemple, je propose une résidence de cinéastes, qui commenceraient à travailler dès 2010 sur un projet qu’ils termineraient en 2013.

Bref, c’est à partir d’une idée, sans doute mauvaise, que j’aimerais vous en proposer une autre, ou en tous cas, que j’aimerais vous inviter à réfléchir à un événement qui puisse concerner toutes les disciplines culturelles, de l’architecture à la musique en passant par le cinéma, l’écriture, les arts plastiques, la bd, et pourquoi pas le football.

"Ensemble, nous f’rons front"

Au lieu d’être chacun dans son coin et sa spécialité, pourquoi ne pas écouter les autres faire des propositions. Moi, j’ai des idées, sans doute très mauvaises ou très bonnes sur les autres arts que le cinéma, vous en avez aussi sur les disciplines qui ne sont pas les vôtres…

Puisqu’il faut se lancer, alors je me lance dans les idées, saugrenues ou pas, on verra après :

- Pour la musique, sur le modèle de l’orchestre national de Barbès, des orchestres dans chaque quartier.

- Un festival de violons d’Ingres d’artistes : proposer à des artistes de montrer son travail dans une discipline pour lequel il n’est pas forcément connu.

- Le musée du jeu de mots.


- Demander à un compositeur contemporain de composer des chœurs pour les supporters des girondins de Bordeaux qui reste la plus grande chorale de la région dont le répertoire, je n’en doute pas, ne demande qu’à être amélioré…


- Le plus grand match de foot ou de rugby (Bordeaux – Marseille, bien entendu) du monde, sur la place des Quinconces enfin recouverte de la pelouse qu’elle mérite.




Et les politiques ?

Il semblerait que les politiques locaux n’ont pas compris non seulement qu’il y a à Bordeaux des gens qui ont du talent, mais aussi et surtout des gens qui ne sont pas refermés sur eux-mêmes et qui ont suffisamment bourlingué pour pouvoir faire venir à Bordeaux des gens de toute la France, et du monde entier. Notre maire préféré n’en est pas convaincu, lui qui se sent obligé de faire venir une personne de « la capitale » pour créer de toutes pièces un événement.


Je pense que si cette proposition intéresse certains, si une dynamique se crée, les politiques sont réellement ceux qui doivent être mis au courant en dernier. Devant le fait accompli, lorsqu’ils n’ont plus qu’une chose à faire, cracher au bassinet pour pouvoir dire que tout ce qu’ils n’ont pas vu éclore était leur propre idée. S’ils payent, on peut être regardants ou pas, là encore, ça se discute…


Maintenant, comme on dit, tout est ouvert, et on peut en parler.


Thomas Bardinet





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